Canoë et cigales

Chers Voutousses.
Je sais, si j'ose encore vous dire que je ne suis pas en vacances, vous ne me croirez pas, puisque je m'en vais vous narrer mon merveilleux samedimanche (et lundi) dans un pays à l'accent chouettissime. D'ailleurs, à propos d'accent, je tiens à vous faire part d'une surprise personnelle fort plaisante. Sachez que les bidis* plongés dans leur milieu de croissance reprennent aussitôt l'accent du lieu. L'absence d'accent parisienne n'est qu'une façade, mais qu'ils retrouvent bien vite (celui-ci oui en tout cas).

Ce week-end, j'étais donc dans le Vaucluse, et j'y ai découvert plein de choses merveilleuses, comme quoi tout n'est pas perdu, la vie est encore pleine de premières fois (même si ce ne sont que des premiere-fois-de-l'année). Ainsi, pour la première fois de l'année j'ai mangé des framboises et des brugnons, vu des libellules et me suis baignée (enfin, pas vraiment, mais voyez plus loin). Pour la première fois de ma vie j'ai entendu des cigales chanter (tout l'été, et après elles sont dépourvues quand vient la bise et elles vont embêter leur voisine, oui, on sait). Moquez-vous du GroSherwood parisien, c'est cadeau. Mais c'est trop chouette le bruit des cigales ! Mais c'est génial ! C'est bruyant mais doux, c'est strident mais grave, c'est tout simplement délicieux.

Et surtout : pour la première fois de ma vie j'ai fait du canoë. Ça, c'est encore plus chouette, parce qu'il faut l'avouer, ce pays du bas n'a pas que des avantages, mais surtout deux énormes inconvénients : la chaleur et le vent. Des trucs atroces qu'il fallait bien rajouter pour pas que ça soit parfait. Bon, et puis ça manque de pigeons et de tout Eiffel aussi. Et être sur la rivière permet de se prémunir de ces deux embêtements majeurs. Mais revenons à nos libellules, sur la rivière. Car elles étaient légion, les libellules bleues, c'était chouettounet. Vous souvenez-vous d'Evinrude, la libellule qui fait avancer le canoë-feuille de Bernard et Bianca ? Et bien elles étaient tout autour, en escorte. A moins que ce ne soit nous qui, tellement malhabiles, foncions toujours dans leurs pattes... possible. Très probable. Nous déplacions le canoë exactement comme moi je fais avancer mes bonshommes dans Mario Kart : en tapant les bords. Et les bords étaient pleins de ronces, ou d'aubépines, ou de cailloux. Mes bras zébrés s'en souviennent.
Parfois même le passage était entièrement surplombé de branches, si bas vers l'eau qu'il fallait s'allonger dans le canoë pour passer dessous, et récolter des araignées sur la tronche au passage. Délation : cet aspect de la promenade n'a pas plu au bidi, qui, tout accent chantant qu'il possède parfois, est fortement Parisien : il râlait contre les "bêtes trop nombreuses" dans un mimétisme couennesque parfait (oui, blague pour ceuxes qui pigent).

C'est dans un de ces obstacles-là que nous commîmes l'erreur fatale. Les branches descendaient bas, je me suis aplatie sur le bateau, nous avons tenté de virer pour les éviter, et PLOUF ! D'où le premier bain de l'année, très rafraîchissant au passage, surprenant mais amusant. Mes tongs se sont éloignées à la nage, le canoë se remplissait d'eau quand on tentait de le remettre à l'endroit, grosse marrade quoi. Et puis nous avions pied la plupart du temps. Il a fallu que le second canoë vienne nous secourir, qu'ils le retournent sur la berge pour le vider, et que l'on rentre enfin, trempés mais morts de rire (moi en tout cas). Pour un baptême, c'était un bon baptême, je voudrais bien en refaire.

L'autre événement marquand du week-end est encore plus personnel (oui là c'est clairement mavie.com) : après quelques semaines (moi?) d'inappétence totale pour le divin breuvage noir, ça y est, subitement, j'ai repris goût au café. Wouhou !

Bon, et puis demain, je travaille hein. N'allez pas croire des bêtises...

*Pour les noobs : un bidi est un être en deux dimensions, segmentaire, bidimensionel. Un phasme quoi. A l'inverse, les blattes sont carrément tridi...